JEAN-CLAUDE LAROUCHE
Membre de l'Ordre du Bleuet
Texte d'Yves Ouellet
lu à la présentation de Jean-Claude Larouche
au Gala de l'Ordre du Bleuet, le 16 juin 2012
L’histoire de Jean-Claude Larouche et de son rejeton, Les Éditions JCL, pourrait ressembler à ce que les Américains désignent comme un « success story » classique. Mais il n’en est rien. Le parcours de JCL n’a jamais mis pied dans l’orthodoxie et n’a jamais suivi la piste bien battue.
Tout est parti de Tintin qui a propagé le virus de la lecture chez le jeune Robervalois, puis d’une rencontre, deux êtres exceptionnels qui se croisent. L’un vivant déjà dans la légende et l’autre y aspirant pour ses impressionnantes réalisations. En effet, Jean-Claude Larouche, un diplômé en éducation physique de l’Université d’Ottawa, exhume le squelette d’Alexis Lapointe, dit « Le Trotteur », en 1966 et nous fait découvrir ce personnage mythique à travers un ouvrage qu’il lui dédie et qui paraît en 1971 aux Éditions Le Jour. En 1972, il récupère les droits de son manuscrit, retravaille le texte pour y ajouter un chapitre sur l'historique de la course et le publie sous la bannière des Éditions JCL, qu'il fonde en 1977.
Quelques années plus tard, une autre expérience marquera le destin de Jean-Claude Larouche et inspirera directement son avenir d’entrepreneur. Il se voit confier la direction générale des Jeux du Canada en 1983. « Ce fut une expérience de communication qui a réuni quatre villes et toute la région autour d'un but commun, sans trop de poings en l'air et de griefs à n'en plus finir. J'ai senti une cohésion entre les quatre villes, donc entre le Saguenay et le Lac-Saint-Jean. Ça comptait pour nous, » confiait-il au journaliste Serge Émond du Quotidien, en faisant un rapprochement entre l’organisation des Jeux du Canada et la vie d’une petite entreprise.
En 40 ans d’existence, toute l’histoire des Éditions JCL est parsemée de noms marquants comme ceux des auteures Marthe Gagnon-Thibaudeau, Sonia Marmen, Élisa T., Gabrielle Lavallée ou Samia Shariff. L'éditeur estimait d’ailleurs que c'est le premier livre d'Élisa T., Des fleurs sur la neige, qui a fait naître sa maison d'édition. « Je travaillais chez JCL tout en occupant un autre emploi. Le succès de Des fleurs sur la neige m'a permis de décider de faire de l'édition à temps plein. » L’expérience de L’Alliance de la Brebis a également été décisive alors que la maison a joué gros en retirant des tablettes les 10 000 copies initiales à la suite d’une injonction et en éditant une version remaniée dont les 10 000 premiers exemplaires se sont écoulés en une semaine.
Plus récemment, Marie-Bernadette Dupuy, auteure du roman L’Enfant des glaces, a lancé 19 livres aux Éditions JCL, ce qui fait d'elle l'auteure la plus publiée par la maison d'édition régionale.
En 2010, JCL a franchi le cap des 5 millions d’exemplaires vendus et une dizaine de ses titres avait dépassé le cap des 100 000 ventes.
Déjà, en 1977, Jean-Claude Larouche affichait son ambition de faire tomber des barrières. À ce chapitre, la réussite a été double puisque le simple fait de durer en région comme éditeur constitue à lui seul un exploit. Mais, c’est pourtant sur le plan du rayonnement international que Jean-Claude Larouche se démarque radicalement. L’éditeur a nettement été précurseur en ce qui concerne la vente de droits sur les marchés mondiaux. Sa détermination et son acharnement lui ont permis d’établir des liens commerciaux en France, en Allemagne, au Brésil, en Espagne, en Italie, aux Pays-Bas, au Portugal, en Russie, en République tchèque et en Ukraine.
« Lorsque tu es leader, tu veux porter le flambeau et pour ce faire, tu dois ouvrir des portes », explique l'éditeur. « C'est très relié avec la passion qu'on a d'un métier. C'est la motivation. Je suis toujours à la recherche du nouveau. »
Oui, la passion demeure l’élément moteur de cette superbe progression comme l’expliquait Christiane Laforge en 2009 alors que JCL publiait son 400e ouvrage : « Fonder une maison d'édition à Chicoutimi, en 1977, demande un soupçon d'inconscience, un grain de folie et une volonté farouche d'autonomie. […] La passion peut seule expliquer la longévité d'une modeste maison d'édition et le rayonnement international de plusieurs de ses auteurs. […] Au sommet des centaines de milliers de livres vendus dans plus de dix pays, il n'a jamais perdu de vue le point d'ancrage de son vaisseau : sa région natale, le Saguenay–Lac-Saint-Jean. »
Le 16 juin 2012
JEAN-CLAUDE LAROUCHE
Ardent défenseur de l’édition en région
diffusée à l'international
fut reçu membre de L’Ordre du Bleuet
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